Spoon sur le divan avec Lucifer

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Après trois décennies, Spoon est incontestablement passé maître dans son art. Après avoir absorbé toutes leurs influences évidentes, des Pixies à Tom Petty, ils ont un style qui leur est propre. Il s’agit maintenant d’enrichir et de trouver suffisamment de variations pour que la musique reste fraîche et aille de l’avant.

Alors que leur dernier album, Hot Thoughts en 2017, ajoutait de l’électronique et même une boîte à rythmes, Lucifer on the Couch a un son de groupe de guitares plus dépouillé. La vocaliste/guitariste Britt Daniel et le batteur Jim Eno ont enregistré à Austin, au Texas, où les deux avaient cofondé Spoon en 1993. Daniel y est revenu il y a quelques années (suivi peu après par le guitariste/claviériste Alex Fischel) et Eno y dirige son studio Public Hi-Fi Recording depuis 1998. Ils ont pensé qu’Austin leur donnerait un nouvel élan et les inspirerait, et que le studio d’Eno faciliterait la planification des enregistrements. (Dans la chanson titre, Daniel fait directement référence à la ville : « Now you’re thinking about Dale Watson/ Thinking about Turquoise/ All along West Avenue/ While those Blackbirds make their noise »). Étant donné la puisance du nouveau matériel ici, la décision de faire un album au Texas pour la première fois en une décennie a fonctionné. La première reprise de « Held » de Smog est rythmée par une ligne de guitare acérée et serpentine et des bourrasques électroniques qui passent. Des guitares dans une ligne basse en boucle avec des accents d’armes tranchantes conduisent « The Hardest Cut ».

L’inclinaison de Daniel à ajouter une touche pop de temps en temps est toujours présente dans leur catalogue, notamment dans le rebondissant « The Devil & Mister Jones ». Une tournure différente, mais toujours accessible, complète la chanson d’amour « My Babe ».

À l’image de la carrière du groupe, Lucifer on the Couch devient de plus en plus fort au fil des morceaux. Le jeu de batterie d’Eno, l’un des piliers de l’éthique de Spoon, ainsi que la voix de Daniel (qui conserve sa forme élastique), sont mis en avant dans « Feels Alright », qui, avec le morceau suivant « On the Radio », représente Spoon en 2022 à leur meilleur niveau : rythmé, toujours urgent, et avec des accroches sournoises qui ont juste une touche de punk brut.

Dans « On The Radio », lorsque les gens demandent : ‘Comment se fait-il que tu joues encore à ce jeu, John Britt ?' », la réponse, qui répond à tous les « pourquoi » de Spoon, se trouve dans la ligne suivante : « ‘Parce que je suis né pour ça. »

Traduction française de l’article de Robert Baird/Qobuz

For Their Love in Other Lives

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Un grand retour pour le groupe de rock indépendant de l’Oklahoma Other Lives qui a su trouver l’inspiration et rendre l’écriture de « For Their Love » encore plus essentielle et efficace.

Cinq années se sont écoulées et, pendant cette période, l’industrie de la musique a radicalement changé et il n’y a presque plus que des productions bombardées, pleines d’électronique et faisant des clins d’œil aux nouvelles tendances de la jeunesse. Eh bien, conscient de sa maturité artistique et désireux de se démarquer une fois de plus, le groupe dirigé par Jesse Tabish prend le contre pied de cette tendance.

Des sons plus organiques, des mélodies directes, des arrangements simples et fonctionnels aux qualités des différents éléments. Par exemple, le violon et le piano de Jonathon Mooney n’avaient jamais été aussi présents et un rôle clé a également été joué par Kim, la femme du leader, qui a prêté sa voix sur quelques morceaux et a poussé pour une direction plus folk et cinématographique dans la production.

La voix est étonnante et des passages, comme le single « We Wait », semblent à mi-chemin entre le Bob Dylan plus inspiré et les sombres néo-folk d’Europe du Nord.

Parfois, la pop de chambre qui a fait tomber en amour le fidèle public d’Iceland Airwaves est de retour. Sound Of Violence » et « All Eyes / For Their Love » sont deux joyaux enchâssés dans une œuvre plus complexe, qui ne se perd cependant pas dans des digressions inutiles et arrive à l’essentiel en moins de quarante minutes.

Traduit du site https://www.suffissocore.com/portal/allnews

https://www.suffissocore.com/portal/scalbumreview/11690/other-lives-for-their-love

Noir Désir, un unplugged « Débranché »

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Noir Désir aura son « unplugged »: un album live acoustique baptisé Débranché sortira le 24 janvier. Ce double album, qui sera publié en vinyle avec un 33 tours et un maxi 45 tours, contient des enregistrements inédits datés 1997 et 2002.

Le premier disque contient un enregistrement effectué à Milan en 2002 pour la radio italienne lors de la tournée Des visages des figures. Le groupe de rock bordelais y revisite sept titres en acoustique : Si rien ne bouge, Le vent nous portera, L’homme pressé, Des visages des figures, Les écorchés, À l’envers à l’endroit, Song for JLP.

Le titre « A l’envers à l’endroit » est à découvrir ici

Le second disque, a été enregistré en 1997 à Buenos Aires pour l’émission de télé argentine Much Electric, durant la tournée 666 667 Club. Le groupe avait interprété 4 titres arrangés spécialement pour l’occasion : Un jour en France, Fin de siècle, À l’envers à l’endroit, Song for JLP. 

Quand Bruce Springsteen improvise « You Never Can tell » de Chuck Berry à la demande d’un fan.

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Le boss avait lui même publié cette vidéo sur YouTube en 2013. Elle vient être repliée il a quelques jours sur la page Facebook Baù do Rock et explose les records de vues (plus de 7 millions de vues).

La scène a été enregistrée en 2013 à un concert de Springsteen avec son groupe à Leipzig en Allemagne. Un fan lance un papier sur scène demandant de jouer un morceau qui n’est pas du répertoire d’origine du Boss. Celui-ci déclare ne plus l’avoir joué depuis ses 16 ans. malgré cela, Bruce et son groupe ne se dégonflent pas et commencent à répéter tranquillement le morceau devant plus de 45 000 personnes.

Le résultat est juste incroyable et à découvrir ici :

Beck et l’Hyperspace infini

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Beck vient de sortir son nouvel album « Hyperspace ». Réalisé en étroite collaboration avec Pharell Williams, cet opus ne devait être à l’origine qu’un EP mais leur travail en commun a fini par faire des étincelles pour accoucher finalement de 11 titres.

« J’ai toujours voulu faire un disque avec lui », a confié Beck au magazine NME à propos de sa collaboration avec Williams. « Nous sommes amis depuis une décennie et nous nous étions réunis et avions parlé de faire de la musique en 2012, mais à cette époque, il a fini par sortir une chanson avec Daft Punk, puis ‘Blurred Lines’ et ‘Happy’.

« Il y avait eu une période où Pharrell avait été très occupé et une opportunité s’était présentée, alors je l’ai saisie. A l’origine, il devait s’agir d’un single ou d’un EP, mais je pense que nous avons tous les deux été surpris quand on a compris que ce serait beaucoup plus que ça. »

Pharell Williams est donc aux commandes sur 7 titres. Il offre à Beck un album dépouillé et beaucoup plus épuré que le précédent Colors. D’autres guests sont également présents notamment Chris Martin de Coldplay (guitare acoustique) sur Stratosphère ou Paul Epworth, producteur d’Adèle sur le morceau Star(production et composition).

« J’ai des souvenirs d’albums vraiment solitaires, à passer 12 heures par jour à produire péniblement. Là, c’était très joyeux d’amener de nouvelles personnes, et j’espère remettre ça dans le futur »

On lui a parfois reproché mais Beck est un artiste libre toujours en mouvement, explorant, tordant les styles jusqu’à parfois nous mettre mal à l’aise. Il est une sorte de passerelle entre les genres mais aussi les générations.

« L’ancienne génération dit que c’était mieux avant et les jeunes considèrent la musique d’avant comme une antiquité dans laquelle ils ne se retrouvent pas ; moi je suis quelque part au milieu. »

A 50 ans, Beck Hansen est plus libre que jamais et s’est détaché de tous les codes, les règles et les compromis. 11 titres aussi différents les uns que les autres, entre rock, funk, soul, pop, électro et hip hop. Tous les goûts sont dans la nature d’Hyperspace au risque de se perdre un peu dans ce kaleidoscope des genres, de faire une indigestion tant chaque morceau est un contrepied du précédent.

« Ce n’est pas que je ne voulais pas utiliser de guitares ou faire du grunge ou de l’indie rock dans les années 1990 mais pour moi ça semblait redondant, il y avait tant de nouveaux trucs à faire. Aujourd’hui je pense que j’avais raison, j’ai désormais toute latitude pour faire ce que je veux. » 

Beck Hansen n’a pas fini de se renouveler et de nous surprendre. Pour ceux qui aiment les routes toutes tracées, sans détour, sans pause au motel country ou au clubbing hip hop du coin, alors passez votre chemin. En revanche, si vous cherchez quelques chemins de traverses pour y croiser l’inattendu et le déroutant, alors soyez les bienvenus à bord de l’Hyperspace de Beck Hansen !

Beck – Hyperspace

Hyperspace de Beck est paru le vendredi 22 novembre et est disponible sur toutes le plateformes de streaming et de téléchargement.

Avec A Blemish In A Great Light, Half Moon Run s’affiche au grand jour

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Il y a encore quelques semaines, Half Moon Run m’était totalement inconnu. C’est en consultant l’agenda de la salle de concert du Grand Mix de Tourcoing, que je m’y suis intéressé, le groupe y étant annoncé pour un concert le 10 mars 2020.

Afin de savoir à qui j’avais à faire, je me suis donc mis sur ma platine A Blemish in a Great Light, nouveau disque du groupe paru ce jour et je suis allé consulter leur histoire.

Devon Portielje, Conner Molander rejoints par Dylan Phillips puis Isaac Symonds forment les Half Moon Run à Montréal en 2009.

Fin 2010, le label indépendant Indica leur offre leur premier contrat. Ils jouent alors dans différents festivals et se font remarquer en 2013 lors du Glastonbury Festival. Leur reconnaissance se confirme en enchaînant les premières parties des concerts de Mumford & Sons ou de Patrick Watson.

Leur premier album Dark Side parait en 2012 suivi d’une tournée mondiale en Amérique du Nord, Australie et en Europe.

En 2013, la chanson Full Circle est reprise par Ubisoft pour la bande annonce du nouveau jeu Assassin’s Creed IV : Black Flag. L’album Dark Side connaît alors un succès international.

En 2015, Half Moon Run sort son second album Sun Leads Me qui confirme leur potentiel. Une tournée internationale confirme le succès du groupe.

Voilà pour le petit récapitulatif historique. Alors que dire de ce troisième album A Blemish in a Great Light (Une tâche dans une grande lumière) ?

Half Moon Run a semble t-il œuvré longtemps sur son troisième opus. Quatre ans après Sun Leads Me On, le groupe indie rock montréalais a décidé de faire «des choses qui lui faisaient peur» pour donner naissance à un album ambitieux aux sonorités multiples.

Half Moon Run se cachait «derrière un rideau» lors de l’élaboration de ses deux premiers albums studio, Dark Eyes et Sun Leads Me On, selon Dylan Phillips, membre du groupe. Avec A Blemish in the Great Light, le quatuor monte sur scène, explique-t-il.

«Avec Dark Eyes, on ne pensait pas avoir de carrière. Au deuxième album, c’était excitant d’avoir une carrière, mais, en même temps, on était souvent sur la route. Au moment d’écrire, on n’était pas vraiment disponibles», se rappelle Dylan Phillips.

Avec son troisième opus, Half Moon Run donne naissance à un amalgame de styles musicaux encore jamais essayés, aux antipodes apparement de ce qu’il avait produit auparavant.

«On a essayé de faire quelque chose de différent», avance Dylan Phillips.

«On a pris du temps individuellement. Moi j’ai pris du temps pour travailler sur mes capacités d’écrire musicalement. Les autres aussi», ajoute-t-il.

L’album est réalisé par Joe Chiccarelli, producteur pour The Strokes, The White Stripes ou Frank Zappa, excusez du peu ! La qualité de réalisation se remarque dès la première écoute. C’est précis, cohérent, l’ambiance Indi-rock-pop est claire mais d’autres sonorités se laissent entendre.

Joe Chiccarelli – Producteur

La pedal steel de Conner Molander occupe une place prépondérante sur l’album, ce qui a tendance à lui donner des couleurs country assez inattendues.

«C’est déjà un instrument qui donne un peu une vibe country. On ne peut pas l’éviter, mais je trouve que ça fonctionne très bien avec notre musique», lance Dylan Phillips. Flesh and Blood, la troisième chanson de l’opus, regorge d’éclats vibrants de pedal steel.

Half Moon Run a tout essayé pour créer de nouveaux morceaux durant les deux années consacrées à la conception de l’album. À un moment lors de l’élaboration, les quatre musiciens ont tenté de trouver «le son de Fleetwood Mac», légendaire groupe de rock. «C’était une exploration», observe Phillips.

Les inspirations folk (Bob Dylan, Léonard Cohen) font aussi partie du répertoire sur lequel le groupe s’est appuyé, précise Dylan Phillips. Les créations du groupe de musique électronique Boards of Canada ont aussi été utiles.

Mais Half Moon Run n’a pas uniquement puisé dans du nouveau pour construire A Blemish in the Great Light. La chanson d’ouverture, Then Again, était une «vieille idée», d’après Phillips.

«Certaines des nouvelles chansons viennent de vieilles idées qui n’ont pas fonctionné dans le passé. On a une grosse liste dans notre salle de répétition. Quand on est bloqué, on les essaie», dit-il.

La chanson Razorblade, un mastodonte de presque huit minutes, évoque le Half Moon Run de Sun Leads Me On… jusqu’à la moitié de la chanson puis dérive vers un son métal. Ce passage fait partie des préférés de Dylan Phillips.

«C’était très difficile, mais très excitant à composer. C’était une des chansons où il y avait plein de petites idées. On ne savait pas comment les mettre ensemble», se remémore-t-il.

Je vous recommande donc de poser vos oreilles sur le dernier disque des Half Moon Run pour passer un joli moment musical entre Pop, Indie, Rock et Folk. L’album est dense, il existe de nombreuses sonorités très diverses, les influences et les références multiples.

Si l’envie vous en dit vous pourrez également les voir en concert au Trianon à Paris le 26 novembre 2019 et bien sûr le 10 mars 2020 au grand Mix de Tourcoing.