Trentemøller, la brillance atmosphérique !

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Memoria est le sixième album studio de Trentemøller depuis ses débuts en 2006. Si six albums en 16 ans ne semblent pas être la production la plus prodigieuse, le musicien danois a emmené ses auditeurs dans des voyages expansifs au cours de cette période. Augmentant la dynamique et les textures à chaque nouvel album, Trentemøller a continué à être plus audacieux et plus explorateur au fur et à mesure de l’évolution de sa carrière. Passant de l’électronica pure et simple à la darkwave et aux atmosphères indie, aucun de ses albums n’a sonné exactement de la même manière, mais ils ont tous été consacrés de manière unique à l’exploitation des potentialités d’une certaine combinaison d’humeur, de texture et d’instrumentation.

Tout au long de sa carrière, il y a eu des clins d’œil à l’influence indéniable du shoegaze sur ses années de formation en tant que musicien indé de la génération X, mais aucun – pas même la présence de Rachel Goswell du groupe Slowdive sur son précédent album, le tendu et sombre Obverse – n’a été aussi explicite et approfondi que l’atmosphère générale ici. Les racines de Trentemøller dans la musique électronique et le post-punk se mêlent à un mélodrame gothique planant et à l’éthéré vaporeux de la deuxième vague de shoegaze.

Memoria n’est certainement pas aussi sombre et agressif qu’Obverse, mais il est plus inchoatif, et même un peu romantique. Des morceaux comme « Glow » et « Linger » ont des lignes de guitares en écho qui donnent l’impression que Trentemøller a piqué un disque dur directement dans le studio de Robin Guthrie, tandis que la voix de Lisbet Fritze, collaboratrice de longue date, évoque le souffle sur-échantillonné des chanteurs shoegaze classiques.

Lorsque Memoria s’éloigne du shoegaze explicite – comme sur la pulsation électronique de « Darklands » et « A Summer’s Empty Room » ou l’électro-gaze de M83 et de Slowdive sur « No More Kissing in the Rain » – il ne perd jamais sa brillance atmosphérique. Les deux approches fusionnent avec le plus de succès sur la pâmoison néfaste de « Swaying Pine Trees » (qui sonne comme la candidature de Trentemøller à une bande originale imaginaire de Twin Peaks) et « Linger », qui est tout en demi-climax et en espace sonore.

Ce titre est un bel exercice de dynamique étendue et d’effondrement au ralenti, et une conclusion parfaite à un album à la fois spécifique dans ses évocations et difficile à cerner.

Traduction française de l’article de Jason Ferguson/Qobuz.

The Last Prayer de Nick Cave ?

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Nick Cave Alone at Alexandra Palace est le plaisir de la semaine. Nick Cave sort Idiot Prayer, un album seul en scène avec son piano enregistré à l’Alexandra Palace de Londres et diffusé sur le web en juillet 2020.

Il y reprend trois titres des deux derniers albums Skeleton Tree et Ghosteen, véritables oeuvres expiatoires du deuil suite à la disparition tragique de son fils de quinze ans mais pioche également dans les albums plus anciens des Bad Seeds (Stranger Than Kindness, The Ship Song, Black Hair, (Are You) the One That I’ve Been Waiting For, The Mercy Seat…) et de son autre groupe, Grinderman (Man in the Moon, Palaces of Montezuma…).

Nick Cave nous offre également un morceau inédit « Euthanasia« , titre dans la lignée de Ghosteen témoignant que le travail de deuil de l’artiste se poursuit et ne s’arrêtera sans doute jamais. « Euthanasia » respire le style Nick Cave avec cette profondeur de l’écriture, la gravité de l’instant et la solennité des sonorités. On attend avec impatience que ce morceau passe entre les mains du magicien Warren Ellis pour connaître quelle envergure, quelle force il aura en live.

La voix de Nick Cave est plus juste et envoutante que jamais. Il est un véritable crooner et sa performance dépouillée accompagnée de son seul piano est absolument magistrale. L’émotion est à son paroxysme à l’écoute de « Jubilee Street« , issu de Push The Sky Away sans doute le meilleur album de Nick Cave and The Bad Seeds paru en 2013 et de « Girl in Amber » de l’album Skeleton Tree de 2016.

Difficile également de rester insensible avec « Waiting For You » titre de l’album Ghosteen paru en 2019. On y retrouve toute la puissance et l’intensité de la souffrance et de la détresse de Nick cave.

Dans la même veine mais moins tétanisant, Far From Me issu de l’album The Boatman’s Call reste un titre incontournable de ce nouvel album tout comme « Sad Waters » de l’album Your Funeral…My Trial en 2009.

Nick Cave nous démontre une fois de plus que son talent est immense, que même sans son fidèle compagnon Warren Ellis, il n’est pas seulement le leader des Bad Seeds, il est aussi un artiste solo incontournable de notre époque. On espère juste que Idiot Prayer est la conclusion de cette période extrêmement sombre de la création de Nick Cave (Skeleton Tree, Ghosteen) et qu’il saura très vite nous proposer une nouvelle oeuvre aussi enthousiasmante que l’a été Push the Sky Away en 2013. Le titre « Idiot Prayer » (Prière Idiote) est peut-être un début de réponse…

Echo Echo, l’album acoustique de Iamx

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Chris Corner, le leader du groupe britannique d’électro trip-hop Sneaker Pimps, fait de la musique sous le pseudonyme IAMX depuis 2002, musique qui oscille entre synthpop dramatique et artpop expérimental. Avec son neuvième album « Echo Echo », il ouvre de nouvelles perspectives avec les vieilles chansons d’IAMX qu’il a réarrangées et habillées acoustiquement.

Le premier morceau « I Come With Knives », par exemple, est une version délicate et crépitante du morceau de l’album « The Unifield Field » (2013), qui à l’époque était toujours très énergique et grinçant. Désomais, cela ressemble à l’une des pièces les plus récentes et silencieuses d’Einstürzende Neubauten.

« Kiss And Swallow » du premier album d’IAMX (2004) rappelle à nouveau les morceaux les plus tranquilles de Depeche Mode. Presque toutes les chansons ont en commun que la version acoustique les rend plus longues que les originaux, l’extension temporelle leur donne également une dimension et une émotivité plus profondes.

Le disque a été produit par le gagnant du Grammy Award David Bottrill (Peter Gabriel, Muse, Tool), qui avec Corner s’est retiré pour les enregistrements dans un studio dans le désert de Mojave et, en plus de la guitare acoustique et de la voix, a ajouté beaucoup de pédales de boucle, d’effets multicouches. En fin de compte, il s’agit d’un album légèrement différent, qui est à la fois un best-of et un premier album.

Cet artivle a été traduit et reproduit à partir du site Laut.de https://www.laut.de/IAMX/Alben/Echo-Echo-113865

Emily Jane White nous offre le magnifique « Immanente Fire »

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Immanente Fire est le sixième album d’Emily Jane White. En créant un son épique, englobant des arrangements semi-orchestrales d’Anton Patzner (Pete Yorn, Sunbears), elle tente d’explorer une solution féminine à l’extinction imminente de notre espèce.

Anton Patzner

Emily Jane White est née en 1982 en Californie.

Elle connaît ses premières expériences musicales en 2000 sur le Campus Universitaire de Santa Cruz où elle chante dans des groupes punk et métal.

Elle pose ses valises quelques mois en France à Bordeaux puis retourne en Californie pour s’installer à San Francisco.

En 2008, elle sort son premier album Dark Undercoat.’ C’est en écoutant l’émission de Bernard Lenoir, un soir sur France Inter, que le fondateur du label bordelais Talitres (The National), Sean Bouchard, découvre la voix d’Emily Jane White. 

Elle enchaîne alors avec 4 albums en 7 ans qui confirmeront sa notoriété en France et en Europe.

Victorian America (2009), Ode To Sentience (2010), Blood/Lines (2012) et They Moved in Shadow All Together (2016).

They moved in Shadow all Together paru en 2016.

Son dernier album Immanente Fire sorti le 15 novembre 2019 fera date dans la carrière d’Emily Jane White. Elle touche la perfection proche du chef d’oeuvre. On y trouve des ballades intimistes, élégantes et mélancoliques. L’artiste maîtrise parfaitement sa voix d’une beauté transcendante, magnétique et hypnotique.

Immanente Fire est paru le 15 novembre 2019

Musicalement ce sixième album privilégiant le piano et les synthétiseurs participent aux magnifiques harmonies vocales et offre des chansons intemporelles à l’orchestration subtile et élégante.

Washed Away – Emily Jane White

« Washed Away évoque notre rapport souvent distancié au monde naturel, la façon dont la communication et la technologie dominent une grande partie de notre monde contemporain. Notre relation à la nature se doit d’être réévaluée et revalorisée, elle dégage à terme une force créative non négligeable ».

Immanante Fire dresse le portrait d’une société aveugle au chaos qu’elle engendre, l’extinction des espèces, les désordres économiques et sociaux. Comme dans ses albums précédents, elle évoque ses engagements féministes et emprunte cette fois-ci des thèmes chers à l’écrivaine américaine Miriam Starhawk pour qui l’émergence d’un monde patriarcal et colonial aurait généré les conditions du développement d’un capitalisme sauvage et avec lui, la dévalorisation de la femme et la destruction de la nature.

Miriam Starhawk

Un album exceptionnel peut-être l’un des plus beaux de l’année 2019 à écouter, ré-écouter dans le noir sur son sofa, dans la pénombre et en montant le volume pour percevoir toute la pureté de ce magnifique disque.